Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Jeux paralympiques 2024 : Elise Marc, le caméléon du triathlon

Tous les triathlètes vous le diront, le triathlon est par définition un sport d’adaptation, où il faut savoir jongler entre trois disciplines – natation, cyclisme et course à pied – aussi différentes qu’exigeantes. A fortiori au gré des caprices de la météo, nécessitant de dompter les courants et les vagues et d’éviter les chausse-trapes des chaussées détrempées ou pavées. Cette faculté à jouer les caméléons, Elise Marc l’a un peu plus aiguisée depuis que sa catégorie a « disparu » des Jeux paralympiques.
La triple championne du monde en para triathlon et championne d’Europe en titre, évolue d’ordinaire sur le circuit mondial dans la catégorie PTS3 – pour « para triathlon standing 3 », dévolue aux athlètes aux handicaps significatifs mais pouvant concourir debout. A Paris, elle prendra le départ, lundi 2 septembre, dans la catégorie du dessus (PTS4). La sienne n’a pas été retenue « simplement parce qu’il n’y a pas assez de monde », explique la jeune femme de 36 ans amputée sous les genoux des deux côtés, après un accident sur lequel elle ne souhaite pas s’étendre, alors qu’elle avait 17 ans.
Pour enchaîner les 750 m de natation, 20 km de vélo et 5 km de course à pied, son handicap est plus pénalisant que celui de ses nouvelles concurrentes. « Normalement, chez les PTS4, ce sont des amputés “simples”, donc d’un seul côté. Là où je perds le plus de temps, c’est sur la partie natation et la première transition », le temps d’enfiler ses deux prothèses en sortant de l’eau et avant de monter sur son vélo.
A Tokyo déjà, en 2021, sa catégorie n’était pas au menu des Jeux. « Ça a été une grosse déception, concède l’ingénieure en génie civil, qui aurait eu la possibilité d’être surclassée chez les PTS5, soit deux catégories d’écart. C’était trop, je n’ai même pas voulu tenter. Je me suis dit : “Autant en profiter pour découvrir une autre discipline.” C’est pour ça que je me suis lancée d’abord dans l’aviron. » Elle est sacrée championne du monde d’aviron indoor dans sa catégorie, mais au bout d’un an et demi, elle se lasse.
Arrive le confinement. Le home trainer devient son meilleur allié et, dans le même temps, les Jeux sont reportés d’un an. L’idée du para cyclisme jaillit à ce moment-là. Sa seconde place aux championnats du monde de para cyclisme lui assure son billet pour Tokyo dans ce sport, où elle se classe dixième de la course en ligne et douzième du contre-la-montre. « La sélection, c’était déjà une victoire en soi, relativise cette pionnière, cinquième de la première épreuve de para triathlon de l’histoire des Jeux paralympiques, à Rio, en 2016. Le fait de vivre dans un autre collectif, de voir une autre manière de s’entraîner, ça m’a nourrie, tout ce que j’ai pu travailler [en para cyclisme] me sert aujourd’hui. »
Au Japon, en réalité, elle a déjà la tête à 10 000 kilomètres de là. Pour Paris 2024, Elise Marc a bien l’intention de renouer avec ses premières amours, en s’alignant pour le triathlon. Elle s’y remet à 100 %. La natation a longtemps été son point fort, puis le vélo. C’est désormais la course à pied. « C’est vraiment là que j’ai des chances de revenir sur la tête de la course. Mon état d’esprit sur la natation et le vélo, c’est de perdre le moins de temps possible par rapport à la concurrence », dit la pensionnaire du Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive de Boulouris, à Saint-Raphaël (Var), où elle est entraînée par Nicolas Becker.
A l’été 2023, lors du test event, répétition générale avant les Jeux, Elise Marc a franchi le pont Alexandre-III à la deuxième place. « Ça montre que j’ai une belle carte à jouer. » Et, une fois de plus, qu’elle a le sens de l’adaptation. La natation avait été annulée à cause de la qualité de l’eau de la Seine et l’épreuve s’était transformée en duathlon.
Elisabeth Pineau
Contribuer

en_USEnglish